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Quand des projets comme To-Mera se montent, avec des musiciens venus de groupes divers et variés, on a tendance à justement aller se renseigner sur ces groupes et les styles qu’ils pratiquent, ne serait-ce que pour sentir comment l’album pourrait sonner. Prenons un exemple : Lee Barett, co fondateur de To-Mera avec la chanteuse Julie Kiss, vient du groupe Extreme Noise Terror. Ça ne vous dit rien ? Normal, puisque que c’est un groupe de grind core !! Ah, je vois des yeux apeurés au fond de la salle, et vous avez raison de trembler. Pour une fois, je vais transgresser la règle, en chroniquant autre chose que du métal mélodique, parce que la censure est un mal qui gangrène…

Rassurez-vous, tonton Cliff n’a pas perdu la boule, il essaie juste de faire de l’humour et de vous convaincre de lire le reste de la chronique. Parce que voilà, Transcendental mérite qu’on s’y attarde. Comme vous l’imaginez bien, To-Mera ne verse pas dans le grind, bien loin de là, mais plutôt dans un progressif symphonique de qualité. En français, ça donne donc un métal progressif, avec en tête de gondole descentes d’arpèges et breaks de batterie dans tous les coins, surmonté de parties symphoniques du plus bel effet.

Qu’on s’entende bien, To-Mera est loin d’être un clone de Dream Theater, bien que l’on relève quelques influences notables sur Born Of Ashes par exemple. Mais le parallèle s’arrête là, les musiciens ne cherchent pas la technique pour la technique. Ils essaient au contraire de créer une âme, une identité musicale pour se démarquer du contingent progressif classique. Le challenge est relevé, mais le groupe a des arguments à faire valoir. A commencer par sa chanteuse, Julie Kiss (qui vient du groupe hongrois Without Face), qui officie dans une registre chant symphonique – lyrique assez surprenant.

Ce n’est pas le chant en soi qui est surprenant, mais le contexte dans lequel il est placé. En effet, à côté de ces lignes vocales très éthérées, très aériennes, viennent se greffer des riffs guitare d’une lourdeur parfois impressionnante. On sent bien que l’ami Barett n’a pas complètement oublié ses racines musicales, en témoigne le titre Phantmos et son passage métal plus que musclé (très death – grind dans l’esprit, même si le son lissé fait sonner le tout comme du heavy). Et c’est cette dissonance vocal / instruments qui peut surprendre. Blood notamment joue sur ce registre, les riffs saignants et bondissants plombent le rythme, mais le chant est toujours aussi évanescent. C’est assez déstabilisant de prime abord.

Mais globalement, cette dissociation se fait assez discrète, et on insistera sur les parties progressives de qualité, avec une maîtrise technique certaine (même si c’est le premier album de To-Mera, il ne faut pas oublier le bagage musical de tous les membres de ce projet). Les rythmiques se cassent et s’enchaînent bien, c’est parfois très brut, parfois beaucoup plus en toucher (l’apport du piano, associé au vocal très aérien est une franche réussite), le groupe intègre même des passages jazz ou des touches orientales pour encore enrichir leur œuvre.

C’est l’un des premiers points à mettre en avant : la richesse des influences, la multiplication des rythmiques, les apports symphoniques et les apports métal, tout cela fait de Transcendental un album long à intégrer, à digérer. Le groupe se perd quelquefois même dans cet océan de notes et de rythmiques, se cherche encore sur quelques passages atmosphériques, mais fait montre tout de même d’une aisance de composition plus qu’affirmée. Si l’on excepte les quelques couacs vocaux (c’est un peu linéaire parfois), le groupe nous donne quand même matière à penser qu’ils sont capables, avec une meilleure production et plus de rigueur, d’arriver à mûrir un style assez novateur dans la jungle prog actuelle. Attendons la suite pour nous en convaincre.

0 Comments 18 février 2007
Whysy

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