Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis ces derniers mois, Moonspell n’a pas chômé ! En à peine plus d’un an, le groupe nous aura proposé deux albums, une compilation, et un enchaînement phénoménal de concerts et tournées à travers toute l’Europe. Mais cette volonté de revenir sur le devant de la scène et de conquérir de nouveaux fans peut s’expliquer aisément : la ténébreuse horde portugaise, plus de 15 ans après ses débuts, a décidé de faire son retour aux sources. Exit le gothic Metal puissant et mystérieux qui lui a apporté succès et reconnaissance sur la fin des 90’s, place au black Metal mélodique d’inspiration vampirique et satanique des origines...


« Under Satanae » n’est pas à proprement parler un nouvel album. Il s’agit d’un réenregistrement des deux premières démos du groupe « Under the Moonspell » et « Inno Satanae », aujourd’hui cultes et introuvables. Réarrangés et entièrement rejoués (à l’exception de l’interlude « Chorai Lusitania » resté tel quel), les morceaux gagnent ainsi en profondeur et en intensité, et c’est un vrai plaisir que de les redécouvrir, gorgés d’impact et d’efficacité. Ce petit lifting permet de se replonger dans l’ambiance ténébreuse du début des années 90, où Moonspell n’en était encore qu’à ses balbutiements.

Et l’on ne peut qu’être soufflé par la puissance et la maîtrise du résultat final ! Penser qu’un groupe aussi jeune à l’époque ait pu composer de tels brûlots, aussi finement ouvragés et aboutis, ne peut que laisser l’auditeur pantois. L’introduction arabisante donne le ton, et permet de faciliter l’immersion dans ce décor nocturne, au parfum de cauchemar. Car vraiment, le combo portugais n’a jamais sonné ainsi. A la fois plus cru et plus élaboré que jamais, par moments très violent (« Ancient Winter Godess »), jouant sur la sensualité et l’érotisme aussi bien que sur des paroles et ambiances blasphématoires et malsaines… L’absence totale du chant clair de Fernando Ribeiro est certes regrettable, mais ses vocalises extrêmes, rires et narrations prolongent de beaucoup l’ambiance si particulière du disque, et vraiment, même si cela semble parfois « surjoué », on ne saurait s’en plaindre.


Mélangeant allègrement influences heavy (le riffing est vraiment de qualité : « Tenebrarum Oratorium part.1 », « Goat on fire »…), plus extrêmes (« Ancient winter godess »), n’hésitant pas à ralentir le tempo si le besoin s’en fait sentir histoire de plomber l’ambiance, ou à proposer de mystiques mélodies orientales, Moonspell impose avec brio son style unique. Soignant les ambiances à l’extrême, prenant toujours le temps de laisser l’auditeur respirer par des interludes plus reposants, des chœurs féminins ou des passages instrumentaux soignés, on ne peut que difficilement résister à cette avalanche de force obscure... Malgré quelques imperfections, quelques titres présentant des similitudes, et un univers visuel et textuel plutôt cliché, il est inutile de se voiler la face : Moonspell a frappé très fort, et ce recueil de ténèbres s’avère probablement l’une de ses plus belles cartes de visite. La classe !

Note réelle : 7,5/10


Gounouman