Vous recherchez quelque chose ?

Le groupe d’Edu Falaschi effectue sa circonvolution dans la sphère métallique depuis sept ans maintenant et force est de constater que nos Brésiliens ne faiblissent pas d’un poil. En effet, si les premiers albums semblaient bien ancrés dans un style épuré et dans la pure tradition du power métal mélodique, nous avons assisté à une légère évolution du style de la formation ces dernières années. Motion avait suscité une certaine émotion quant à son orientation un peu plus osée et qui sortait des sentiers battus du power. De toute évidence, Edu veut faire fluctuer la musique en fonction de son ressenti et pas au gré des modes. Unfold perpétue cette tendance et délivre un flot musical un peu plus astringent bien que classique dans ses grandes lignes.

Le pli qui avait été fait il y a deux ans semble avoir eu un impact déterminant en ce qui concerne la musicalité du groupe. Certes, les sonorités sont chaleureuses et lorgnent quelques fois du côté du happy métal (« The Hostage »), on découvre une nouvelle fois un opus qui s’étire au-delà des frontières bornées du power. On aura par exemple des couches de chants qui se raillent et qui ne resteront pas forcément sages. Edu s’essaie à quelques égarements dans un aspect plus sombre du métal en délivrant une prestation vocale enragée (« Treasure Of the Gods »). A contrario avec « Warm Wind » ou « Farewell » on retombe dans la douceur avec des ballades mièvre qui s’inscrivent dans un convenu débordant… Almah est sans nul doute le groupe dans lequel Edu s’accomplit le plus et cet épanouissement se ressent de toute évidence. Vous l’aurez compris, le panel proposé avec Unfold est donc un peu plus étoffé qu’avec un album lambda.

La coloration musicale d’Almah est une chose avérée et lorsqu’on découvre des titres tels que « Raise The Sun », on touche du bout des doigts un arrangement chamarré bordé par des claviers frottant les cordes sensibles et un chant délicat. Tout ça sent le soleil même si le côté dansant s’efface quelque peu sous une cascade d’émotion douchant l’auditeur. « Cannibals In Suits » ou « Believer » abordent le power métal sur un rythme plus conventionnel et la cadence force les guitaristes à abattre des riffs de manière plus empressée — ce qui n’est pas pour nous déplaire — et donne du rythme à l’album. Le relief est décuplé par le jeu des instrumentistes qui s’activent pour faire éclore un romantisme musical dépeignant une fresque artistique rayonnante. Soulignons au passage « Treasure Of The Gods » (neuf minutes trente au compteur) rapproche l’aspect progressif et rajoute une corde à l’arc des musiciens.

Les parties sont nombreuses, « Wings Of Revolution » ou « I Do » se singularisent par leurs refrains particulièrement entêtants. Le côté fédérateur s’intensifie grâce à des chœurs et les soli de guitares tourbillonnent dans la structure musicale pour l’envoyer valser comme une toupie. Les guitaristes sont vraiment doués et leur doigté irréprochable, c’est aussi sans compter sur les nappes de claviers ou les samples qu’Unfold tire son épingle du jeu.
Si tout flamboie au niveau des instruments et des lignes de chants comment justifier une note qui n’est pas parfaite ? L’opus est certes un concentré de mélodies et déploie une énergie considérable, l’univers riche et ne se cantonne pas à du power et puis c’est tout. Les Brésiliens débordent de la limite conventionnelle intelligemment néanmoins, on a l’impression que le tout manque parfois de cohérence. C’est effectivement ce qui donne la sensation de fraicheur à l’album mais il y a un revers de médaille. L’interprétation inégale d’Edu et la simplicité de certaines chansons confortent parfois Unfold dans une complaisance par moment désagréable.

Ne noircissons pas le tableau pour autant, cette sensation n’est que passagère et je reste persuadé de la qualité intrinsèque de l’album. Le travail et la générosité perforent une fois de plus cet opus et avec un temps remarquable dépassant l’heure d’écoute. Alors il est de mon devoir de faire la fine bouche et de souligner les écueils, mais il serait injuste de critiquer cet album à outrance. Les Brésiliens réalisent un tour de force et parviennent à mêler différentes influences et colorent le prisme musical par une lumière propre et identitaire. La griffe est assumée, la musique variée, les rythmes inconstants ce qui révèle un album ingénieux et bien moins léthargique que la moyenne.

0 Comments 08 novembre 2013
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus