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Ce sont à peu près trois années qui séparent «Unia», le dernier bébé des finlandais de Sonata Arctica de son controversé prédécesseur «Reckoning Night» ! Trois ans, une période de gestation inhabituellement longue pour un groupe réputé aussi productif, visiblement le cap du cinquième album allait représenter un grand bouleversement dans la ligne musicale, et sans doute beaucoup de grincements de dents...  Je me souviens de la sortie de «Reckoning Night» comme si c'était hier, j'étais alors un jeune chroniqueur plein d'ambitions, au regard d'acier et au front impassible de l'aventurier que rien n'effraie ! J'avais accueilli la nouvelle offrande des finlandais avec la ferveur candide qui anime les jeunes métalleux à l'âge des premiers duvets sur le menton et des premières douleurs lombaires. Aujourd'hui cet album représente encore pour moi l'aboutissement de l'expérience speed de Sonata Arctica, à tel point qu'il aurait été difficile de poursuivre dans la même veine sans risquer la stagnation voir la régression.  Aujourd'hui les jeunes années sont révolues, ma vie s'écoule lentement vers les désillusions de l'homme âgé qui n'a plus rien à attendre de l'existence. Et c'est le front buriné par les rides et les soucis du sage, que je porte mon regard sur le nouveau disque des finlandais. L'approche de l'album est intriguante, une pochette aux tons brûlants, cuivrés, ambrés... un logo légèrement différent des précédents, un lettrage doré du plus bel effet ! Et si «Unia» était réellement l'album du renouveau pour Sonata Arctica, celui qu'on attendait plus tant l'évolution s'était jadis faite dans la parfaite continuité de l'héritage passé (euh... si vous me suivez pas je connais une histoire belge).  Et pourtant «Unia» porte bien en son sein le gène de la révolte, du vendetta, de la révolution !!! Car la belle aventure de Tony Kakko avec le Speed Mélodique sauce finlandaise semble bel et bien révolue. En effet, l'album se répartit sur un tempo beaucoup plus rythmé, tantôt Heavy traditionnel, tantôt medium, parfois même carrément déstructuré en allant titiller les rivages du Metal Progressif ! C'était totalement impensable d'imaginer un tel bouleversement il y a quelques années, et malgré quelques titres envolés comme l'ouverture «In Black And White» sur-vitaminée, «Harvest» ou «It Won't Fade», la rupture de Sonata Arctica avec son passé est consommée...  Je dois vous avouer que j'ai longtemps eu du mal à me positionner vis à vis de cet album. En effet Tony Kakko nous laisse sans repère, alternant les vocaux doux et suaves sur «Paid In Full» ou «Under Your Tree», à des passages beaucoup plus agressifs, presque rauques. Les choeurs se font moins présents que par le passé et le charismatique vocaliste nous éclabousse encore une fois par l'étendue de son talent. Sa composition prend également une toute autre dimension, avec des titres complètement barrés, allant chercher leurs influences chez Queen comme «My Dream's But A Drop Of Fuel For A Nightmare», un véritable OVNI ! Un morceau comme «Caleb» surprend également par ses multiples ambiances et variations, avec un jeu de guitare qui s'émancipe et un Tony Kakko plus en forme que jamais.  Si l'emprise du Chanteur/Leader sur la composition reste colossale, les musiciens semblent plus libres de leurs mouvements. On retrouve ainsi de belles variations de tempo à la batterie, comme sur la dansante «The Vice», ou encore la redoutablement efficace «Harvest». La couleur dominante du disque reste toutefois sur des chansons calmes et mélodiques, dans des registres mediums assez inhabituels pour un groupe de Metal. Le single «Paid In Full», véritable tube tout en émotion contenue en est la plus parfaite illustration, tout comme la courte et épique «For The Sake Of Revenge», sans oublier la suavité mélodique d'un «The Worlds Forgotten, The Words Forbidden» ! Même la traditionnelle ballade de fin d'album tire son épingle du jeu...  Vous l'aurez compris, «Unia» est sans doute le disque le plus difficile à appréhender de toute la carrière de Sonata. Moins direct, moins accrocheur, moins jouissif même... mais en même temps plus varié, plus surprenant, plus original ! Il révèle une dimension jusque-là insoupçonnée du combo finlandais... et bien malin sera celui qui pourra dire de quoi demain sera fait. Nombreux sont les fans qui seront déçus par cette nouvelle approche, finalement à l'inverse de celle qu'on aurait attendue d'un groupe en plein succès commercial. Au risque de se couper d'une partie de sa fan-base, Sonata Arctica se maintient avec maestria au sommet de son genre !  SMAUG...

0 Comments 29 avril 2007
Whysy

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