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Thaurorod, depuis trois ans, a eu droit à sa bonne dizaine de news sur Heavylaw, mais c’est leur tout premier album, Upon Haunted Battlefields, qui sort en cette fin d’année 2010. Les finlandais, alors qu’ils auto-produisaient leur seconde démo, nous avaient fait l’honneur en 2008 de figurer sur la première compilation Heavylaw « Tales From Different World ». Ils ont depuis trouvé un label en la personne de Noise Art Records et peuvent donc légitimement envahir le monde, revêtus de leurs épées, armures, et boucliers. Sauf que ce sont avant tout leurs armes musicales qu’ils vont utiliser, celles qui font headbanguer les Metal Warriors.

Et ils risquent de headbanguer comme des petits fous pour le coup. Imaginez-vous depuis combien de temps ils attendent un putain de bon album de Power Metal ? Tout ce temps passé à surveiller Heavylaw, à être réveillé à 3h du matin par une (fausse) alerte sms déclenchée grâce au flux rss activé par Bonobo postant une news nocturne sur un groupe estonien de Doom-Death, ou par Dragonman annonçant la sortie d’un album de Skylark un jour prochain. Avec pour seule consolation les photos de Kiara, le Metal Warrior reste fort, garde intact son inébranlable motivation, guette sans relâche le moindre signe de l’arrivée de l’album prophétique, du nouveau groupe qui va tout déchirer, qui rassemblera les braves grâce à des refrains hymnesques, des solos dévastateurs et des riffs édifiants. Tourné vers l’horizon nordique, c’est aujourd'hui empli d’espoir qu’il voit débarquer Thaurorod de son drakkar, brandissant Upon Haunted Battlefields.

Les premières notes du premier titre Warrior’s Heart déferlent et inondent et nos cœurs et nos âmes : et si Thaurorod était le messie tant attendu ? Mais oui, nul doute, c’est la prophétie qui s’accomplit dans nos conduits auditifs : un rythme speed qui diffracte les poulpes (de quoi croyez-vous qu’il soit décédé le Paul ?), un clavier épique qui transperce les armures de part en part, et le chanteur Markku Kuikka qui prononce « Warrior » en forçant légèrement sur sa voix pour atteindre de son organe le point G du Metal Warrior. Énorme !

Oui mais voilà, passé le fol engouement des deux premières minutes de l’album, il y a comme un truc qui cloche. Le Metal Warrior ressent ce que ressentirait son confrère guerrier Gaulois se rendant compte que Panoramix lui a refilé un vilain placebo en lieu et place de la potion magique. C’est alors que le rêve s’effondre dans un cri d’interrogations : pourquoi la plupart des solos manquent-ils tant d’âme, pourquoi des titres au potentiel énorme (Shadows And Rain) sont-ils outrageusement écourtés, et pourquoi d’autres (Upon Haunted Battlefields) restent sans effet sur notre encéphalogramme ?

Passé la déception, j’ai néanmoins apprécié des bonnes choses sur l’album. Bien sûr il faut aimer les refrains enjôleurs, les claviers épiques façon Freedom Call, les mélodies vocales typées Sonata Arctica, et les embruns folk à la Falconer. La voix chaude et délicate de Markku Kuikka rend son propos émotif quand cela est nécessaire (Tales Of The End), et tous ces ingrédients mélangés subtilement peuvent s’avérer prenants et puissants (Guide For The Blind), quelques solos n’étant heureusement pas en reste pour agrémenter les morceaux (Morning Lake). Pour ouvrir une parenthèse psycho, je suppose que certains déçus de Sonata Arctica feront une projection affective post-traumatique sur cet album, car il dégage une grande fraîcheur, parfois trop rigide, mais qui trouve son épanouissement aussi bien dans la jolie sobriété d’un Shadows And Rain que dans la folie d’un Scion Of Stars (qui n’est pas sans rappeler feu Requiem).

Beaucoup d’influences (il y a même un passage dark très Black Metal au cœur de Cursed In The Past, dont la transition avec une fin plus gaie est très réussie d’ailleurs), des défauts, mais surtout des qualités, et quelques titres plus fouillés en fin d’album qui tirent Upon Haunted Battlefields vers le haut. Au final, les bon côtés l’emportent sur ma petite déception initiale, et puis il s’agit là d’un premier album pour des finlandais qui sont sur la bonne voie, alors un peu d’indulgence s’il me plait.
[right]Chris[/right]
ps : il fait chier mon correcteur orthographique à vouloir changer Thaurorod en Taurobole, n’importe quoi.

0 Comments 30 octobre 2010
Whysy

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