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Rob Moratti, chanteur ayant déjà fait ses preuves (ex-Final Frontier, ex-Saga) décide de voler de ses propres ailes et de se lancer en solo. «Victory», premier méfait, aimerait bien ramener au bastion la fan d'Europe des années 80 avec un hard FM que Bon Jovi pourrait ne pas renier parfois.

Avec des titres aussi racoleurs que «Power of Love», «I Promise You» et autres sagas à l'eau de rose, il fallait bien s'attendre à ce que l'ami Moratti aille se faufiler dans ces genres-là. Je vous vois venir, vous pensez déjà que la chroniqueuse, elle est pleine de préjuger sur le genre. Détrompez-vous, j'aime bien en écouter de temps en temps, et, aussi surprenant que cela puisse peut-être paraître vu le ton de l'introduction, cet opus est très bon.

Déjà, le point fort, c'est Rob lui-même, qui est un excellent chanteur. Il évite, merci à lui, d'en faire des caisses et de jouer d'une voix qui aurait pu (voir parfois l'est) être mielleuse à souhait, débordante de lait-miel. Les clichés ne sont pas toujours évités, on a le droit bien sûr aux traditionnelles ballades chiantes à souhait, qui ne servent pas à grand chose si ce n'est qu'attirer la petite dame à qui cette époque manque. Ainsi, si ce n'est pour évoquer l'excellente prestation du chanteur, on passera volontiers sur «Take it All» et «Now More Than Ever», conclusion malheureuse à un opus pourtant pas mauvais.

Dans le genre, Rob Moratti n'est pas très metal, et n'en a pas vraiment la prétention. Comme le canadien sait que ce n'est pas le public qu'il risque de toucher, il est malin, et décide de faire passer sa musique à un registre plus rock, doux et radiophonique, pour autant de bonne facture. On appréciera facilement une écoute de «Power of Love» ou de «Hold That Light» aux refrains presque mièvres, mais sympathiques. D'ailleurs, cet album c'est un peu ça, à savoir un divertissement, ce que l'on écoute pour se mettre de bonne humeur. Le disque ne restera pas dans la légende, ne sera jamais cité dans les meilleurs du style, mais touche au moins au but qui convient à sa portée : être frais et agréable. Les mélodies s’enchaînent sans prise de tête, assez simpl(es/istes) et classiques dans le genre, avec des refrains entêtants et toujours la belle voix de Rob qui fait gagner des points.

Évidemment, un artiste de sa trempe se doit d'être entouré de musiciens compétents. Et le line-up, composé entre autre de membres de Whitesnake, Blue Murder ou Saga, prouve bien qu'il a décidé de chercher gros. Et c'est réussi, chacun faisant bien son boulot. Le clavier est discret mais appuie comme il faut les autres, sans en faire de trop, tandis que la guitare qui s'octroie une belle place est plutôt gourmande dans les solos («Hold That Light», «On and On», …). Et l'avantage c'est qu'en écoutant l'album, on ne s'ennuie pas. Et même s'il n'a rien d'exceptionnel, il dégage quelque chose de particulièrement attachant dans ses réminiscences d'autres groupes de hard FM. Seriez-vous donc touchés par le syndrome de la mémère nostalgique qui regrette le bon vieux temps, là où Europe sortait «The Final Countdown» ? Le mesquin réussit donc son coup.

Alors il est où le problème ? C'est qu'au fil des écoutes, que les morceaux se succèdent, on se rend compte qu'à part cette belle impression, il ne reste pas grand chose. Comme on dit dans le jargon, trop de refrains tue le refrains, et ce côté diaboliquement tubesque prend Moratti dans son propre jeu : on ne va vers aucun titre en particulier, tout est trop uniforme, en surface. Les ponts et structures sont tous interchangeables les uns avec les autres, on inverserait les paroles que personne ne remarquerait rien. Et là est bien tout le problème, Rob n'a pas pris le temps de creuser suffisamment pour laisser une emprunte sur la durée, malgré toute l'affection qui est rendue à ce disque. Du coup, «Victory» n'est pas intemporel et à la fois mémorisable, à la fois effet Kleenex : on prend, on écoute, on passe un bon moment, et on jette, car l'autre défaut c'est qu'on a pas envie d'y revenir forcément, ce n'est pas celui qui sera choisi le premier au moment d'écouter un album «positif».

Bref, Rob Moratti et son «Victory» sont bons, mais pourraient être meilleurs. Il manque encore un fond en plus de la forme, quelque chose qui serait plus solide pour adhérer. Néanmoins le 7,5 va se transformer en 8 pour la voix de Moratti et pour le côté popisant-agréable. Et aussi pour les tubes comme «Power of Love» et «Jennie». Mais la prochaine fois, il faudra revenir avec du mieux. Et je suis convaincue que c'est possible.

0 Comments 04 octobre 2011
Whysy

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