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Rêverie vous connaissez, vous ? Non, normal, ce groupe vient de sortir son tout premier album ! Et devinez son origine ? Ah, on me dit « un groupe français qui fait des reprises de Dream Theater ». Ya de l’idée mais en fait pas du tout. Rêverie est en réalité un groupe allemand qui joue une musique mélancolique et rugueuse que l’on pourrait rapprocher vite fait de "Sentenced", d’ "Evergrey" (en beaucoup plus simple), "Deathstars" ou encore "Lacrimosa" en mode punk. Ça ne vous aide pas ? Bon ils appellent ça du dark rock, c’est mieux comme ça ?

Du dark rock donc. Globalement heavy, jamais trop rapide (ni trop lent), usant de sonorités glaciales et chanté intégralement dans la langue de Goethe, voici la recette de ces jeunes loups allemands pour ce premier album dénommé ‘’Wandel’’. Alors des groupes ne chantant quasiment qu’en allemand on en connaît, "Rammstein", "Die Apokalyptischen Reiter", "In Extremo", "Subway to Sally"…et on ne peut pas vraiment dire que cela choque particulièrement. En revanche, les personnes ayant posé une oreille (ou les deux pour les plus téméraires) sur un certain ‘’Nachblut’’ savent que le résultat n’est pas toujours heureux, surtout pour un système auditif peu habitué à ces sonorités assez gutturales. Dans le cas de Rêverie sans parler de naufrage on n’ira pas non plus crier au génie mais c’est au final un détail.

Car quand bien même le chant serait la 8e merveille du monde, il faut que ça suive derrière, ce qui n’est pas franchement le cas. Comme dit plus haut, nous avons affaire à un metal sombre et mélancolique, massif sans être tranchant ou agressif et servi par un son plus que correct. Pas forcément ratée, la musique du groupe manque singulièrement d’accroche et ennuie quelque peu, en dépit d’une certaine variété dans les structures abordées. En effet, oscillant entre power ballades fortes en piano (Ewigkeit, Wandel), mid-tempo mélancoliques (Nebel, Sommer), morceaux rapides (Hexe, Sturm,…) et quelques pièces d’avantage enlevées (Mond, Heliodromus), le groupe sait s’adapter et évite ainsi de tourner en rond. Malgré tout, ce n’est pas ça qui donne pour autant du charme à ‘’Wandel’’.

Voyez-vous, changer de registre c’est bien beau, mais quand les sonorités restent les même, difficile de rester captivé bien longtemps, surtout avec le chant dépassionné de Max Leonhardt. Alors vous allez dire que c’est le genre qui veut ça, de ne pas déborder d’émotions et rester assez solennel. Oui mais chez "Lacrimosa"ça marche, pas chez Rêverie. Si le nom de "Lacrimosa" est mentionné c’est à cause de la fâcheuse tendance qu’a Rêverie à presque systématiquement doubler les lignes de chant des refrains par un chant féminin à l’unisson. Une fois oui, deux fois pourquoi pas, trois fois bon changez de disque les mecs, au-delà ça suffit. Ceci pour illustrer que malgré les efforts du groupe de ne pas s’enfermer dans les même compo, le chant aura vite fait de plomber l’ambiance et d’instaurer un sentiment d’uniformité.

Ceci dit, on peut clairement voir ici un parti pris artistique qui en ravira certains et en ennuiera profondément d’autres. On ne peut pas nier que certains morceaux demeurent assez réussis, tels l’opener Sturm qui démarre tout doucement avant d’envoyer la cavalerie de belle façon, ou encore Mond (où Michael Rhein d’ "In Extremo" venir dire coucou) qui assume pleinement son statut de single, simple et efficace, mais le reste navigue entre banalités et fausses pistes inquiétantes (Hexe et son chant ‘’dark’’ qui n ‘effraierait pas un nourrisson, Heliodromus qui se veut enjouée mais on ne nous la fait pas hein, ou encore la majorité des ballades au piano, d'avantage sinistres que mélancoliques). Et sinon oui, de temps en temps monsieur Max nous sort une voix ‘’extrême’’ semi-growlée qui au mieux pourrait…je ne sais pas moi…intriguer les pigeons qui dorment sur son balcon mais guère plus. Comprenez bien que si vous rajoutez par-dessus tout ça une louche de riffs ultra convenus, le résultat n’est pas des plus grandioses, à défaut d’être franchement mauvais.

En définitive, un album davantage ennuyant que raté que l’on aura vite fait de remiser au fond de son étagère, ah non, suis-je bête, qui achète encore des disques de nos jours… Donc euh…oui, loin d’être une grande réussite, cet album laisse toutefois entrevoir un certain savoir-faire qui ne demande qu’à être exploité, en témoignent les quelques morceaux plutôt réussis. Réponse au prochain album. Si une météorite géante ne nous a pas tous engloutis avant.

0 Comments 26 mars 2012
Whysy

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