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Nous voilà arrivés au terme de notre périple. Voici la conclusion de l’œuvre, son plus sombre chapitre.

En quatre albums, Empyrium s’est évertué à exprimer toute l’essence de la beauté de la nature, à retranscrire en notes et en mots la force du ressenti que lui inspirait la création divine, vierge de toute invasion humaine. Après deux albums où esgourdes métalliques venaient sobrement taquiner magie folklorique, la tendance s’est ensuite inversée, et la richesse et la force du Doom Metal ont fait place au dépouillement de l’acoustique. Visiblement, l’électrique ne convenait plus au combo allemand, qui désirait transmettre autrement la force de ses sentiments, afin d’atteindre de la façon la plus pure possible son idéal de contemplation. Point de Metal ici, donc… et pourtant, pas de doute possible sur les premiers amours du combo allemand…


Intimiste, cet album l’est profondément. Même à travers sa pureté et sa simplicité, il semble proposer un autre regard sur la vie et les choses, personnel et torturé. Moins accessible que son prédécesseur qui proposait cependant la même formule, il prolonge de beaucoup son ambiance romantique, gothique et désespérée, qui se fait par instant douloureuse de par l’intensité de sa noirceur.

Le chant n’y est certes pas étranger, avec ce recours exclusif à l’allemand, conférant mystère et (curieusement ?) douceur à l’ensemble, et l’emploi fréquent de murmures et d’un registre opéra. Voilà pourquoi l’album m’a paru si difficile d’accès aux premières écoutes. Markus a laissé son micro à Thomas, et le registre de ce dernier s’avère des plus étranges, proposant un rendu bien différent, et contribuant à confier à cet opus son ambiance proprement unique et inégalable. Ses interventions donnent à l’album un aspect délicieusement ancien, le rendent atemporel…

Cet album s’intitule « Jadis ». A l’évidence, il est figé hors du temps. Qu’il propose de douces promenades au sein de forêts envahies par la tristesse et la douceur de l’automne (reposantes et paisibles « Kein Hirtenfeuer Glimmt Mehr », « Nebel », « Nachhall »), ou des introspections sombres et torturées (deux courts passages en chant black viennent curieusement rompre la tranquillité de l’ensemble et nous faire frémir de par la noirceur qu’ils dégagent), Empyrium semble avoir atteint ici un état de grâce, de maîtrise, qu’il prouve à chaque instant. Un exemple ? Les pianos et violons de « Fossegrim », qui remuent l’âme.

Ainsi, jamais la monotonie ne vient-elle troubler le plaisir d’écoute, même si fidèles à ses racines doomesques, le tempo reste relativement lent. La batterie, discrète, n’est présente que pour soutenir les moments les plus intenses, telle l’accélération aussi soudaine que salvatrice de l’excellente « Fortgang ».

Cet album est un conte. Une vieille légende, oubliée mais immortelle. Une tragédie qui n’a que plus de force du fait qu’elle restera méconnue, délaissée, incomprise. Elle contient ses instants de douceur, mais aussi ses moments de violence. Ainsi, la bouleversante « Die Schwäne Im Schilf », avec ses lignes de pianos à fendre l’âme et ses chœurs et violons hantés, propose une montée en puissance aussi inattendue que captivante, atteignant son paroxysme dans le passage où se superposent si habilement chœurs et chant black répandant sur l’ensemble de l’album un voile de ténèbres.

Les tons crépusculaires de la pochette de l’album l’illustrent à merveille… Car à l’écoute de «Walpoesie», comment douter de l’arrivée de l’obscurité sur la terre, de l’irrémédiable perte du jardin des origines, sauvage et beau tel qu’il l’était autrefois… jadis !


Après cette dernière offrande, le groupe a splitté. Drame pour les rêveurs de nature, deuil pour tous ceux qui ont un jour accepté de participer à la mystique introspection proposée par le groupe, immense déception de ceux qui comme moi auront frissonné de plaisir en ressentant tout le panel d’émotion proposé par cette incroyable musique. Mais peut-être valait-il mieux prendre congé plutôt que devenir redondant. Quatre albums auront permis à Empyrium de développer une aura quasi mystique que certains n’atteindront probablement jamais. Rien que pour cela, le groupe peut être fier de nous avoir livré un aussi noble héritage, sans tâche et exempt de reproche.

Vous l’aurez compris, ce « Weiland » est une perle… incandescente.



Gounouman

0 Comments 19 février 2007
Whysy

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