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Nothing left, nothing there.
I was torced to let it go. Feel what I had done to ruin myself, destroy myself.
In a run to greater goods I was blinded.

Après un passage à vide prononcé, Floor jansen, que l'on ne présente plus, accompagnée de son groupe ReVamp au line-up (presque) stabilisé (bienvenue à Henk Vonk au poste de bassiste, remplacé par interim en studio par Johan Van Stratum de Stream of Passion) nous présente son deuxième essai : Wild Card.
Après un premier album éponyme agressif et parfois monotone, et forts d'une première longue tournée, les nordistes proposent un nouvel album. Le but est annoncé : consolider les acquis du premier album, et se tailer enfin la part du lion dans le beau gateau du metal néerlandais.

Le premier constat est sans appel : on retrouve une Floor en pleine forme après une étape difficile de sa vie. Toujours au sommet de son art vocal, elle crie, parle, chuchote, chante comme personne. En charge des choeurs, et de la plupart des lignes de chant (y compris growlées), elle se ballade.

Les thématiques abordées tournent principalement autour de ce burn-out de Floor. Tout d'abord les trois morceaux de la série The Anatomy of a Nervous Breakdown évidemment, qui dissequent consciencieusement ce qui a pu lui arriver, depuis le moment où elle a commencé à se sentir en état de faiblesse, jusqu'à celui où elle n'était plus en état de rien faire, en passant par le trop plein d'émotions. Precibus, relative à l'avant-crise, et Nothing, relative à l'après. Wolf and Dog, raconte la cohabitation et l'équilibre entre le loup qui fait carrière, et le chien qui aspire au calme d'un foyer, se rapproche aussi de la thématique.

C'est tellement personnel que même les morceaux non relatifs à cet événement marquant de sa vie parlent d'elle en tant que personne, de la façon dont elle s'imagine, à la fois sauvage et imprévisible (Wild Card), à ce qu'elle souhaite corriger (Amendatory). Même I can become semble autocentrée, alors qu'elle se veut plus générale. Floor se révèle être une grande auteur, talent passé plus inaperçu dans le précédent opus.
Cet album, c'est un peu le Me, Myself and I de Floor, ce qui lui donne à la fois une grande puissance, une forte cohérence et une certaine monotonie.

Elle expulse ses sentiments dans Wild Card, et tout se reflète dans l'écriture (qu'elle mène de front avec Joost Van den Broek) ; l'album est beaucoup plus direct et agressif que le précédent, n'hésitant plus à jouer de la guitare, à accélérer un tempo parfois alangui sur ReVamp. Les changements de rythme sont légion. On passe du très lent de la presque balladesque Distorted Lullabies au shred très rapide du refrain de Nothing, au solo décomplexé de I Can Become, ou à la rythmique inexplicable et irrégulière de Neurasthenia.

Neurasthenia est l'occasion de souligner la venue du guest le plus impressionant de l'album : ce bon Devin Townsend, qui vient pousser la chansonnette aux côtés de Floor et apporter à la piste un ton halluciné caractéristique de son univers, qui colle à la fois à la folie décrite dans le morceau. Un très grand morceau de cet album sans aucun doute.
Les autres collaborations sont plus anecdotiques : Mark Jansen intervient sur un Misery's No Crime qui rappellera du Epica, époque Design your Universe, ou pire, MaYan de Quarterpast. Et que dire de son chant growlé si ce n'est qu'il fait pâle figure face à celui de Floor. Dommage pour un morceau dont le refrain était plein d'intensité opératique.

Enfin deux autres vocalistes de renom passent dans les choeurs sur tout l'album : Marcela Bovio de Stream of Passion et Daniel de Jongh de Textures. Leur présence est plus anecdotique, puisque leurs vocalises, bien qu'assurant toujours des choeurs de bon niveau, et qui font mouche, sont noyées sous la mélodie et non identifiables comme les leurs.

Bien que Floor soit sans aucun doute la star de ReVamp, ce Wild Card est bien une performance de groupe. Les guitares déjà, qui sont plus mises en avant, mais aussi le clavier permettent de créer une atmosphère sombre qui sied aux thèmes évoqués. En soutenant la mélodie sur Wolf and Dog, ou en soulignant la douceur et la fragilité d'une Floor toute lyrique dans Precibus.
A noter que les mélodies sont construites sans orchestre dans ce nouvel album, qui vise décidément une musique plus directe et simple, sans perdre en émotion.

Dans cette optique, une place de choix est faite aux refrains. Celui de Nothing au hasard est une vraie thérapie pour Floor qui exhale son énergie retrouvée après un passage de "rien du tout". Celui de Wild Card aussi, plus léger, maintient l'attention de l'auditeur après deux premiers morceaux intenses et denses. Enfin celui de I Can Become, mêlant les growls de Floor et sa voix de poitrine maintiennent l'attention jusqu'au bout de l'album.

Un très bon point donc pour ReVamp, qui évite l'écueil du deuxième album copie du premier. On n'est toujours pas dans l'exceptionnel, ni dans le jamais vu. Mais on est dans le domaine du très bon : bien exécuté, bien produit, l'album arrive à conserver l'attention de l'auditeur jusqu'à ses dernières minutes, sans perte de vitesse, malgré un ou deux passages plus faibles.

Espérons que Floor arrive à tenir la distance entre la tournée de ReVamp à venir et son implication au sein de Nightwish ; voyons ce que son groupe a dans le ventre pour un troisième album !

0 Comments 05 octobre 2013
Whysy

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