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Interview Within Temptation : Ruud Jolie, guitariste

D’où est venue cette idée de faire un projet artistique «global» avec album, videos et bd ?
Il faut bien comprendre que nous voulions faire quelque chose de différent, comme nous avons toujours voulu faire quelque chose de différent et que nous avons toujours voulu, nous mêmes, être différents. Nous avons décidé de faire un concept album, mais nous n’avons pas voulu faire comme les autres, c’est-à-dire un concept qui ne s’incarnerait que dans les paroles.
C’est pourquoi nous nous sommes lancés dans ces trois films, le comic book, le changement du site, etc. Par ailleurs, bien que conceptuel, nous avons, je crois, veillé à ce que malgré le côté graphique qui impose des références à l’auditeur, celui-ci ait tout de même encore une marge d’imagination. Mais cette place laissée à l’imagination, nous l’avons aussi voulue pour respecter l’esprit des comics.

Justement, il paraît que vous étiez tous des fans de comics, lesquels préferiez-vous ?
Ah, oui, personnellement, j’étais très Marvel, j’aimais tous les superhéros, Spiderman, Batman, Superman, etc… Bien que, clairement, Spiderman était mon préféré, le numéro 1, ensuite venait Batman, et en dernier Superman. Cela ne me paraissait pas assez plausible que Clark Kent était aussi Superman, le fait d’enlever ses lunettes ne peut pas suffire à ce que l’on ne le reconnaisse pas en Superman ! J’aimais aussi particulièrement le travail de Jae Lee, qui a écrit pour Batman et qui a fait Hellshock ! D’ailleurs il y a des points de ressemblance entre «The Unforgiving» et Hellshock, le côté thriller, l’atmosphère… On se rapproche plus du graphic novel, les personnages ne sont pas des superhéros incroyables, ils sont aussi des humains, c’est plus compliqué… J’espère que ce côté va fonctionner avec «The Unforgiving», qu’il va y avoir du mystère !



Finalement, «The Unforgiving» emprunte au comic pour le dessin, et pour l’histoire et l’ambiance se rapproche plus du graphic novel ?
C’est tout à fait ça, même si on pourrait quand même en discuter des heures !

À ce propos, comment avez-vous choisi les artistes ?
On voulait travailler avec Romano Molenaar, qui est génial, et en gros, comme ça a pu se faire avec lui, et qu’il connait tout le monde dans le milieu des comics, que ça marche comme ça, il s’est associé avec une autre star, Steven O'Connell, donc on a pris les meilleurs en somme !

Passons à la musique quand même ! Le processus de création a dû être extrêmement différent de ce qu’il est d’habitude, je suppose ! Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Avec notre dernier disque studio, «The Heart of Everything», je pense qu’on a fait le meilleur de ce qu’on pouvait faire dans ce genre précis. On était allés au bout d’un truc, et sans doute que si on se maintenait, on allait se répéter, refaire le même disque. Or, nous, nous avons toujours été ouverts à toutes les influences, on a pas d’oeillères, on a été ados dans les années 80, et on a trouvé ça sympa de ressuciter les «vibes» de ces années là, pas exactement le son, mais des échos de Frankie goes to Hollywood, Billy Idol, Sinead O’Connor… Avant on se serait dit, ce n’est pas du Within Temptation, on aurait pas fait ça, maintenant on laisse ces idées venir.

En écoutant l’album, on remarque que l’équilibre des instruments est différent de ce qu’on pouvait entendre auparavant, le chant est moins mis en avant, la batterie tient un rôle important dans la mélodie. Moins de lyrisme, plus d’efficacité, est-ce que ce résumé vous convient pour parler de l’album ?
C’est difficile quand on travaille énormément sur un album d’avoir un regard clair là dessus, je pense que c’est difficile d’être objectif, je n’ai pas spécialement ce sentiment, j’ai plutôt l’impression que sur des chansons précises les guitares sont très importantes, sur d’autres c’est le clavier….


Après un live classique, un live acoustique, un concept album extrêmement ambitieux, vous reculez toujours les limites et augmentez de ce fait les attentes de votre public. Toujours trouver de nouvelles idées, c’est un challenge ou cela vient-il très naturellement ?
Ah, nous n’avons pas de plan ! Si nous en avions un, cela signifierait que nous savons quel album nous allons faire mais ce n’est pas le cas, la seule chose que nous voulons faire c’est ne pas refaire l’albul précédent ! Avec «The Heart of Everything», je le dis encore une fois, on a fait le meilleur, on a donc décider de s’en éloigner. Tu vois, c’est une démarche, il y a des groupes qui choisissent de faire l’inverse. Un jour un journaliste a demandé à Angus Young : vous n’avez pas l’impression d’avoir fait treize albums avec la même musique ?, et il a répondu, nan c’est faux j’ai fait quatorze albums avec la même musique ! Et il s’est marré. Moi je ne pourrais pas être dans un groupe comme ça, même si j’adore AC/DC.

Vous vendez énormément de disques, malgré la crise de ce support. Vous sentez-vous des miraculés du système ?
On a eu la chance d’être connu avant le début du piratage, et d’avoir un public fidèle qui a continué malgré tout d’acheter nos CDs, mais nous aussi on est concerné, c’est vraiment difficile pour l’ego aussi en dehors de l’argent. Un jour un ami m’a dit qu’il avait téléchargé notre album pour l’écouter, d’un air tout à fait naturel, et il n’a pas réalisé comme ça semble terrible.
En même temps, c’est une réalité, je serai hypocrite si je disais que je ne téléchargeais jamais, on me dit «tu connais, ça ?», et je checke sur internet, je télécharge pour écouter la musique qu’on m’a conseillé. Mais bon, si ça me plaît, je vais dans un magasin et j’achète le CD. En plus, en tant que musicien, ça serait un comble que je télécharge la musique de mes amis.
Finalement, on les concerts prennent une importance énorme pour les recettes, or ce système même n’est pas infaillible, puisque dans bcp de pays, il y a ce problème mafieux d’achat massif de billets par des opérateurs pourris qui les revenent ensuite le double ou souvent le triple de ce qu’on avait fixé avec la salle ! Et souvent il n’y a pas de moyen de lutter contre ça ! Vous pouvez écrire que oui je pense que ces types sont mafieux ! Ils se font vraiment du fric salement à un moment où les budgets nationaux subissent des coupes dans la culture qui font déjà augmenter le prix du billet !
Cela renforce les inégalités culturelles, la culture et la musique particulièrement sont du coup réservées à l’élite, et je ne trouve pas ça bien, on peut être d’un autre avis, mais voilà le mien c’est celui-là.

Qu’est ce que cela fait d’avoir un couple avec des enfants dans le groupe ?
Bah, rien, cela a toujours été comme ça, ils ont fondé le groupe et je ne l’imagine pas autrement, qu’ils dorment ensemble ou pas ne me préoccupe pas.

Alors que certains vous comparaient à Nightwish au début de votre carrière, vous avez aujourd’hui dépassé le groupe qui a eu le tord de se séparer de Tarja. Qu’est-ce que ça fait d’être les leaders d’une scène musicale ?
Pff, on s’en fout de tout ça. Au départ, les gens te comparent à quelqu’un pour que leurs interlocuteurs comprennent de quel style ils sont en train de parler, et puis aussi parce que c’est plus simple : aux États-Unis on nous a comparé à Lacuna Coil, en Europe, à Nightwish ou plus tard Epica, mais tout est relatif, et puis c’est un peu de l’abus de langage tout ça, c’est pas parce que c’est du métal avec des orchestrations plus une femme qui chante que forcément c’est la même musique, justement on fait tous des choses différentes… Alors bon du coup leader ça implique de réunir des groupes différents, ça n’a pas vraiment de sens, et même si ça en a, on s’en fiche.

Y a-t-il des groupes que tu as découvert récemment qui te plaisent ? Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Alors, en découverte, Karnivool, et puis … (sort son Ipad), ah, voilà, ça, c’est vraiment bon, Sufjan Stevens, Oceansize… Sinon j’écoute beaucoup Opeth, Porcupine Tree… Mais c’est vrai que je n’écoute pas tant de nouveautés que cela car à force, bosser sur un album studio, un deuxième, (mes covers), un troisième (mon groupe), produire parfois en même temps, et réécouter des dizaines de fois les titres, j’apprécie le silence !

Quelques mots pour clore vos propos adressés aux lecteurs ?
Eh bien je donne rdv à nos fans français en tournée ! C’est quand même pour ça qu’on fait les concerts !

0 Comments 07 février 2011
Whysy

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