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Varg continue son bout de chemin à la découverte du monde féerique et mythique du loup.
Oui on ne peut pas échapper au concept. Le nom Varg signifie loup en Norvégien et en
Suédois. En même temps être « vargr » au moyen âge signifiait aussi être rejeté, banni
définitivement, un hors-la-lois que n’importe qui pourrait tuer tranquillement en faisant acte
de justice. Son premier album s’appelait Wolfszeit c'est-à-dire l’âge du loup, son deuxième
Blutaar (l’aigle de sang) tirait son nom d’une torture ancienne* et le premier titre Wolfsmond signifie la lune du loup. Aujourd’hui le troisième essai Wolfskult remet le couvert avec son « culte du loup ». On ne change pas une équipe qui gagne dit le dicton et Varg applique sa formule au pied de la lettre.

Voici donc qu'après une embrouille avec Nuclear Blast (moi je t’aime et moi non plus) au cours
de laquelle Varg avait signé pour le label allemand et il s’est rétracté tout de suite après,
Wolfskult voit le jour juste un an après Blutaar. On passe vite sur l’intro où l’on entend de
loups hululer et se pâtre et le spectacle commence. Ce qui frappe d’entrée de jeu l’auditeur
est l’extrême complexité de l’album. On se croirait face à un monolithe de son assez brutal où
la mélodie apparait ici et là. Même le chant de Philipp "Freki" Seiler (qui est aussi gratteur)
alterne moment black à des moments plus death. On a multiplié les écoutes pour essayer
d’apprivoiser ce « Loup » mais on sait bien qu’un loup ne se laisse pas apprivoiser. Parfois il
mord, parfois il veut rester seul, il est fier, sauvage, majestueux, impériaux et il n’y a plus de
synonymes.

Varg évolue dans un registre pagan classique : le point de départ, la moelle épinière pioche
dans le black metal sans compromis. Blast beats à tout va, voix grunt, riffs acérés et lancés.
Là où Varg bouscule un peu les règles c’est grâce à des moments de pure mélodie et de
songwriting vraiment inspiré et varié. Phönix et son intro acoustique montre bien le calme
AVANT la tempête car la double caisse et la voix « grunt » de Freki font ravages. En même
temps ce titre est assez réussi vu sont alternance de moments calmes et d’ambiances plus
agressives.

Et venons maintenant à la surprise de l’album : le titre Sehnsuch. Une pure tuerie, Varg en deux riffs acérés avec blast beats à tout va signe ici le morceau pagan par excellence. Le
songwriting est inspiré (merci au traducteur en ligne) et ce mur de son qui reste mélodique
ne laisse pas son auditeur. Le break au milieu permet de reprendre son souffle avant l’assaut
final. Viking de tous les bords réunissez-vous sous l’étendard de Varg car ici on ne fait pas de
prisonniers. Blutdienst III est un autre titre digne de note: l’histoire commencé sur le premier
album et continuée sur le deuxième s’achève enfin. Le fier viking à qui on avait tué l’enfant
et la femme se venge mais au lieu d’être apaisé par son geste il commence à errer désemparé.
Ici encore le songwriting est habile et l’atmosphère dessinée par les guitares reste très sombre.
Les auditeurs qui aiment les titres « in your face », bien directs et intuitifs seront satisfaits surtout à
l’écoute de Nagelfar et Wir Sind die Wolfe.

Nagelfar est le bateau des morts dans la mythologie nordique, autrement dit, lors du
Ragnarök, Nagelfar s’envolera dans les cieux et amènera les géants au combat final. Ce
bateau est fait avec les ongles des morts et c’est la raison pour laquelle les anciens coupaient
leurs ongles régulièrement et les enterraient afin de ralentir la construction de ce navire. Il
convient de citer le texte de Varg car il y a une image très forte : "Nebel birgt unser Schiff
Und unser Schiff birgt den Nebel" (Le brouillard apporte notre navire Et notre navire
transporte le brouillard). L’image du brouillard qui transporte et cache Nagelfar et le bateau
même qui semble émettre le brouillard est assez poétique.

Wir Sind die Wolfe (nous sommes les loups) nous ramène au culte du loup d’où le titre de
l’album ; on met de coté l’aspect documentaire de reportage sur le loup et on lui voue un culte
et un hymne qui pourrait peut être plaire aux écologistes.

Ainsi la boucle est bouclé et Varg poursuit son bout de chemin avec un album qui mérite
largement sa place parmi les meilleurs albums "pagan metal" cru 2011.




wanderer





* L'aigle de sang (blóðörn en vieux-norrois) est un mode d'exécution évoqué dans la
littérature norroise, dont les modalités varient selon les sources. Il peut s'agir de tailler un
aigle sur le dos de la victime. L'aigle de sang peut aussi consister à inciser le dos du supplicié,
à séparer les côtes de la colonne vertébrale, puis à les déployer comme les ailes d'un aigle,
faisant ainsi sortir les poumons de la poitrine.

0 Comments 09 avril 2011
Whysy

Whysy

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